mardi 21 juin 2016

CHAÎNE DE MONTAGE DE POÉSIE MECANIQUE


87

J'ai prisé ton tabac
Sans un brin de tes bras
Sans coup d'ongle à ton bas
Filer

J'ai piqué ton cabas
Sans lanière à couper
Sans jamais sur le fil
Tirer

J'ai trouvé ton rabat
Sans un ongle incarner
A l'angle j'ai su
Plier

88

Pourquoi suis-je si moche ?
A la foire aux encoches
Je coche

J'ai bien trop de brioche
Et sous les yeux des poches

Pourquoi suis-je si moche ?
J'ai coiffé ma sacoche
En cloche

Je goûte au tournebroche
A chaque medianoche

Pourquoi suis-si moche ?
Je suis le roi fantoche
Des boches

89

Sur le fil
Passe un doigt
Puis deux doigts
A la file

Puis la main
Les deux mains
Et les bras
Les deux bras

Mets la tête
Et la peau
Et les os
Du squelette

Tiens debout
Cligne et cille
Coupe aux deux
Bouts le fil

90

Je rentre l'oeuf
Et la faucille
Et la coquille
Du marteau neuf

Je bois à l'oeil
Et la baleine
Souffle l'haleine
Dans mon cercueil

91

Quelqu'un tapisse
Et ses mains glissent

Quelqu'un lambrisse
Mais il est nul

Moi je spatule
Les interstices

92

C'est toi l'oiseleur
Mais je suis preneur
De tes roitelets
Oiseaux de malheur

C'est toi l'empailleur
Je plume à la clef
Sur le postérieur
De ta bien-aimée

C'est toi l'oiselet
Mais le pedigree
N'est autre que leurre
Et titre usurpé

C'est toi l'oiseleur
Mais je suis beau joueur :
Venu te plumer,
Je te donne l'heure

93

Dans la rue qu'est-t-en bas
Passent de plats
Chienchiens – ouahouah

Dans la rue qu'est-t-en haut
Passent de beaux
Oiseaux – coco

Dans la rue du milieu
Meurent de vieux
Chats venimeux

94

Tu es comme l'ange
Qui tombe des cieux
Je suis l'ouvrier
Qui pose l'essieu
Et colle au milieu
Des deux yeux son nez

Je fais un sourire
Et pousse un soupir

Chacun fait trempette
Allons au milieu
Toi tu es Cosette
Moi je suis monsieur
Tu es comme un ange
Mais en peu mieux

Je bois l'eau secrète
Et lave mes yeux
Dedans l'éprouvette
De tes jolis yeux

Mais quel plâtrier
T'a-t-il maquillée ?
Je suis le garçon
Qui casse l'assiette
Et change de tête
Comme de chaussette

95

Comme la perle à l'huître
L'arbre est creux pour le merle
Et le merle chapitre
Sa femelle

96

Comme l'arbre a son creux
Comme planche a son nœud
Monsieur fixe sa fraise
A ses yeux

Comme le vent soupèse
Les branches squelettiques
Il tire l'élastique
De son mieux

Et déambule obèse
Sur la scène au milieu

97

Il avait l’œil opaque
Des hublots
Comme des œufs de Pâques
Des grelots

Et des couilles comaques
Des morceaux
Comme deux havresacs
Des tonneaux

Juste au milieu, barbaque,
Aloyau
Sa bite était matraque
Ou couteau

98

Repelote
Ma cocotte
Remontons
Les pontons

Retendons
Les tendons
Et dressons
L'édredon

Mais après
Terminé
De l'alcôve
Je me sauve


99

Le jour est ecchymoses
Quand la nuit est pommade
La douleur est nomade

La lune pend sa chose
Comme le pot aux roses
Pendouille sa monade

Et le matin morose
Avec ses doigts de rose
Effeuille la salade