mardi 11 février 2014

CHAINE DE MONTAGE DE POESIE MECANIQUE



A parjure au regard foudroyant
Oppose un geste tempérant
Lissant sa figure
Ouvrant dans sa joue le chemin velu
Qui tresse ses dents.

***

Les froides damettes
En cercles fermés
Rompent leur squelette
Comme pain sacré
Et s’offrent la tête
En guise de pied
Rongeant l’orteil blet
Et l’ongle bleuté.

***
Carvaillan arriva en ville
Et s’englua dans les plaques de fils
S’emberlificotant
S’emmêlant patiemment
Jusqu’à ne plus former
Qu’un atroce plumet
En pinceaux rissolés.

***

Les altérophiles portent la culotte et la déshabillent
Rompant l'eau des sceaux
Brisant le carreau
De leur flaque d'os.

Au dernier lever, la chair se dessille
Et fend de son cœur
La flèche qui saigne
Au flanc qui la baigne.

***

Dans la guérite enflammée
Sous toit plombé
Les soldats se cirrhosent
De fil en cellulose.

***

C'est la nuit
Un gros bonnet d'orfaie vient calotter la chouette
Tout collé sur les tempes
Et ses yeux en soucoupe ont tourné dans sa tête
Comme des lampes

***

Jamais s'asseoir jamais pleuvoir
Attendre au fond de l'arrosoir
Tout droit dressé
Comme un pommier
Enrubanné
Le déversoir.

***

Les sacs à papier
Gorgés de frelons
Sont des vœux blessés
Froissés de pardons

Et la mer notoire
Roulant ses affronts
Claque ses armoires
Contre les grands fonds

Grisant le miroir
Noyant le bourdon
Qui maudit son nom
Dans l'eau de sa moire.

***

Les allemands forts et venus longtemps
S'en sont retournés dans le soir clinquant
En se démêlant comme fleurs de sang
Sous le doigt charnu du soleil violent.

***

Mon satan de paille
Mon amiral clos, ma cloche à vitrail:
Ton paquet de nerfs cogne dans la salle
Devant les yeux bleus des cardinaux mous.

***

Monsieur Quatorze a des ennuis
Par guirlandes sur sa couronne
Se déversant comme en automne
Les feuilles mortes sans faux pli.

***

A genoux sur la treille où l'écorce
Rugit
Porte un sceau aux oreilles que force
Un bruit

Les clameurs en papiers
Froissées
Se décalquent à l'heure
Fanées

***

Dés que l'aube assassine le champ
Un cerf noble et ramifié
Boit le reflet de forêt
Dans la flaque où s'éteint le croissant.

***

Asticot d'intérieur
A la tête en ciment
Aux anneaux alliants
Sur les doigts du dedans.

***

Madame Aplouse est venue tard
Par l'allée vide et le bois neuf
Donner du pain pour les canards
Et se souvenir de son veuf.

***

Descends dans les palmes au fond
Sous l'ongle des moignons
Sous l'os en opercule
Qu'on décapsule.

***

Les alvéoles du dedans
Sont des cœurs francs
Qu'on auréole de présents
De cadeaux blancs

Les auréoles du dehors
Sont des poids morts
Qu'on enlinceule sans savoir
De maillots noirs.

***

En gesticulant
On perd un temps fou
On compte ses dents
Quand on devient fou

***

Dans le creux des champs creux où s'emplissent les auges
Batifole la vache et ses pis ramifiés
Tanguent dans l'air pluvieux comme tuyaux crevés
Caressant les gazons que constelle la sauge.

***

A la table aux noyés
On boit de l'eau de mer
Dans des verres de fer

Puis on jette l'eau noire
Dans son gosier éteint
On s'avale les mains

Puis on les régurgite
Constellées de pépites
Et de diamants nains.

***

Dans sa sacoche
Il y a son cœur
Dans sa sacoche

Dans sa sacoche
Il y a un piège
Dans sa sacoche

Son pauvre cœur
Porte une encoche
Dans sa sacoche.

***

Les armes ont parlé
Et les canons tonné
Et dans ce bavardage
Aux allures d'orage
A volé un boulet.

***

Les aviateurs ont aviaté
La Traviata s'est traviatée
Et la trachée tranchée cracha
Sa salve de crevette hachée.

***

J'ai plu tant que j'ai pu
Malgré mon front grêlé
Et mon teint blanc de neige

J'ai eu plus d'un ami
Et plus d'un parapluie
M'a caché le visage

Mon visage de neige
Où mes yeux bleus de pluie
Tournaient comme au manège
Sous les intempéries.

***

César mange un cadavre en plomb
Et chie de l'or
Oscar mange un sac de nichons
Et bave au mors
Tandis que Balthazar
S'enfile un saucisson
De cochon mort.

***

Les aléoutiennes
Crèvent l'Océan
De mille persiennes
De pavillons blancs

Et ton bateau mou
Les frôle en bavant
Dans l'eau fait un trou
Et coule en sifflant

Ton pavillon noir
Croit faire des siennes
Mais coule sans voir
Les Aléoutiennes

***

Scandale
Madame Pingo
A un lumbago
Monsieur Tabaga
A cassé son bras
Et Miss Tallebot
S'est mordu le dos!

***

Toinette ange à lolos
Qui tripote mes grelots
Bouche d'or et ventre chaud
Que perce mon sabre en peau
J'embrasse tes bibelots
Et m'efface en ton berceau.

***

Les caramels mous
Sont de gros crapauds
Et les sucres d'orge
Sont de fiers roseaux
Dans le lac gelé
Tout confituré.

***

La rime la rime
Il n'y a pas que
La rime la rime
Sacré nom de Dieu
Ah!

Et le rythme alors
C'est affaire de
Rime? Ah bon alors
Vraiment j'aime mieux
Ça!

***

C'est un poème nul
Farcis de vers modules
Qui font des rimes-bulles
(Exemple: libellule)
Qu'on oublie, ou qu'on brûle
Ou qu'on décapsule.

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