162
Tu es cavalière
Et moi ton dada
Quand je suis pompette
Tu sautes sur moi
Tu t'ouvres la bière
Avec le dentier
Tenu de tes doigts
Aux extrémités
Adieu fromagère
Qui perdit son fer
Écréma ses nerfs
et devint squelette
Je suis à l'arrière
Tu vois mon derrière
Droit dans la lunette
Je n'ai plus de tête
Et moi ton dada
Quand je suis pompette
Tu sautes sur moi
Tu t'ouvres la bière
Avec le dentier
Tenu de tes doigts
Aux extrémités
Adieu fromagère
Qui perdit son fer
Écréma ses nerfs
et devint squelette
Je suis à l'arrière
Tu vois mon derrière
Droit dans la lunette
Je n'ai plus de tête
163
L'odeur de vieux colle
A ce vieil alcool
Qui meurt et s'étiole
Et sent le formol
A ce vieil alcool
Qui meurt et s'étiole
Et sent le formol
Mais quand on l'y colle
La flamme l'affole
Et dedans la fiole
Il fait sa luciole
La flamme l'affole
Et dedans la fiole
Il fait sa luciole
Crépite et s'affole
Le verre gondole
La cire décolle
Et le bouchon vole
Dans les fumerolles
Ça sent le pétrole
S'ouvre l'auréole
Comme un parasol
164
Le verre gondole
La cire décolle
Et le bouchon vole
Dans les fumerolles
Ça sent le pétrole
S'ouvre l'auréole
Comme un parasol
164
Je n'ai pas oublié
Ton sourire en trompette
Et ton nez édenté
Tes cheveux de squelette
Tes pommettes bouclettes
Et ton front déchaussé
Ton sourire en trompette
Et ton nez édenté
Tes cheveux de squelette
Tes pommettes bouclettes
Et ton front déchaussé
Tes beaux yeux de silence
La boule de faïence
Dans ton gosier nouée
La boule de faïence
Dans ton gosier nouée
Je n'ai rien oublié
Ni ton cou de cigogne
Ni ton cerveau gigogne
Ni mes mains de meunier
Ni ton cou de cigogne
Ni ton cerveau gigogne
Ni mes mains de meunier
165
La troupe fera halte
Au gué au gué
Et rayera l'asphalte
De ses épées
Les soldats sont crevés
Patraques
Ils sont dans leur hamac
Couchés
Au gué au gué
Et rayera l'asphalte
De ses épées
Les soldats sont crevés
Patraques
Ils sont dans leur hamac
Couchés
La troupe fera halte
Au gué au gué
Frappera le cobalt
Des boucliers
Silencieux le bivouac
Tous les yeux sont fermés
Comme des oeufs de Pâques
Pochés
Au gué au gué
Frappera le cobalt
Des boucliers
Silencieux le bivouac
Tous les yeux sont fermés
Comme des oeufs de Pâques
Pochés
166
Je rêve d'une armure
De sciure
Je rêve d'une épée
Plantée
Je rêve d'une armure
De sciure
Je rêve d'une épée
Plantée
Je chausse mon chapeau
Je coiffe mon sabot
Je coiffe mon sabot
Je rêve d'une cape
En calque
Le brouillard met sa nappe
De talc
Et je plante une plume
Dans le trou de l'enclume
En calque
Le brouillard met sa nappe
De talc
Et je plante une plume
Dans le trou de l'enclume
167
Je ferai de tes nuits
De la soupe aux orties
Tu seras rassasiée
De la soupe aux orties
Tu seras rassasiée
Tu feras de ma vie
Un pâté de légume
Revenu dans la pluie
Un pâté de légume
Revenu dans la pluie
Je ferai de l'amour
Un gigot rissolé
Gratiné dans le four
Un gigot rissolé
Gratiné dans le four
Tu feras de mon cœur
Un soleil cuit de beurre
Dans la brume qui fume
168
Un soleil cuit de beurre
Dans la brume qui fume
168
Son moindre tentacule
Était poudré de talc
Il était ridicule
Était poudré de talc
Il était ridicule
Sa frange était de calque
Sa paupière en capsule
Cachait de l’œil la bulle
Son prénom se décalque :
Il s'appelait Dracule
Ferdinand Crépuscule
169
J'ai soupé des guimauves
Et des soupes à l'oignon
Je ne suis plus mignon
J'ai vomi mon quatre heures
Attaqué le pain beurre
Par le bout du trognon
Jamais ne reviendrai
Sur ma plage natale
Je nage comme un squale
Coulé dans le bromure
Sa paupière en capsule
Cachait de l’œil la bulle
Son prénom se décalque :
Il s'appelait Dracule
Ferdinand Crépuscule
169
J'ai soupé des guimauves
Et des soupes à l'oignon
Je ne suis plus mignon
J'ai vomi mon quatre heures
Attaqué le pain beurre
Par le bout du trognon
Jamais ne reviendrai
Sur ma plage natale
Je nage comme un squale
Coulé dans le bromure
170
L'ourlet brode à son nom
Son prénom qui couture
L'identité suppure
Retourne son veston
Comme on froisse l'armure
Ou qu'on fend l'édredon
Et la plume floconne
Et sa femme était conne
Comme un cerf sans ramures
L'ourlet brode à son nom
Son prénom qui couture
L'identité suppure
Retourne son veston
Comme on froisse l'armure
Ou qu'on fend l'édredon
Et la plume floconne
Et sa femme était conne
Comme un cerf sans ramures
171
Le ciel est un pâté
Le sol en mortadelle
Et moi je suis ficelle
Qui veut me débiter
En tranches bien serrées ?
Qui veut mon étincelle ?
Le sol en mortadelle
Et moi je suis ficelle
Qui veut me débiter
En tranches bien serrées ?
Qui veut mon étincelle ?
La plage est des rillettes
La mer pâté de tête
Le soleil est mollet
La mer pâté de tête
Le soleil est mollet
Qui veut me tapoter
La coquille casser
Et tremper la mouillette ?
La coquille casser
Et tremper la mouillette ?
172
Qui fait des ronds calices
A la surface lisse
Et c'est qui qui polisse ?
Qui fait des ronds calices
A la surface lisse
Et c'est qui qui polisse ?
A qui la fleur de lys
Dessous les bas qui glissent
Du haut en bas des cuisses ?
Dessous les bas qui glissent
Du haut en bas des cuisses ?
Allez qu'on en finisse
Il faut qu'on le punisse
J'appelle la police
« Allo ? quelqu'un ratisse
Dans mes amaryllis
Marche sur mes saucisses »
« Que voulez-vous qu'on fisse ?
N'y voyez pas malice
Cher monsieur c'est la Visse »
La Visse elle a bon dos
Les flics c'est ses salauds
Je monte une milice
On patrouille à la nuisse
Avec des fusils lisses
Et de larges couteaux
Qui fait tout ce pastis ?
Les glaçons sont dans l'eau
Comme des cicatrices
L'hiver gèle l'écho
Des vieilles cantatrices
Mais l'hiver a bon dos
173
Il faut qu'on le punisse
J'appelle la police
« Allo ? quelqu'un ratisse
Dans mes amaryllis
Marche sur mes saucisses »
« Que voulez-vous qu'on fisse ?
N'y voyez pas malice
Cher monsieur c'est la Visse »
La Visse elle a bon dos
Les flics c'est ses salauds
Je monte une milice
On patrouille à la nuisse
Avec des fusils lisses
Et de larges couteaux
Qui fait tout ce pastis ?
Les glaçons sont dans l'eau
Comme des cicatrices
L'hiver gèle l'écho
Des vieilles cantatrices
Mais l'hiver a bon dos
173
Le billot subdivisé
A coup de hache classé
Chaque planche est une page
Le barrage est démonté
Comme pâte feuilleté
Une tarte aux coquillages
A coup de hache classé
Chaque planche est une page
Le barrage est démonté
Comme pâte feuilleté
Une tarte aux coquillages
174
La peau de la citrouille était une peau d'âne
Et le carrosse en fait un tronc privé de sève
Où la reine plantée comme on plante une fève
Délirait sous l'effet des drogues frangipanes
Quelqu'un va sous la table et s'écoule l'eau vive
Comme coule la colle au sortir de son tube
La terre n'est pas ronde en fait c'est juste un cube
Le soleil est un con la Lune maladive
Et le carrosse en fait un tronc privé de sève
Où la reine plantée comme on plante une fève
Délirait sous l'effet des drogues frangipanes
Quelqu'un va sous la table et s'écoule l'eau vive
Comme coule la colle au sortir de son tube
La terre n'est pas ronde en fait c'est juste un cube
Le soleil est un con la Lune maladive
La plume dans l'enclume était à mon derrière
Moi qui suis chevalier d'un château de Bavière
Avant que je l'assume on m'en pluma l'arrière
Je n'ai plus qu'à m'asseoir sur ma propre rapière
Moi qui suis chevalier d'un château de Bavière
Avant que je l'assume on m'en pluma l'arrière
Je n'ai plus qu'à m'asseoir sur ma propre rapière
175
Le roi pince l'Eustache
Juste sous la moustache
C'est la guerre illico
Montez les grands chevaux
L'Eustache lâche alors
La bride à ses soldats
Qui tranchent dans le tas
C'est fait un tas de morts
Le roi pince l'Eustache
Juste sous la moustache
C'est la guerre illico
Montez les grands chevaux
L'Eustache lâche alors
La bride à ses soldats
Qui tranchent dans le tas
C'est fait un tas de morts
Les morts ne parlent pas
Mais ils sentent très fort
Leur odeur dit tout bas
Qu'on leur a fait du tort
Ils attendent le roi
Et l'Eustache dans l'ombre
Ils ont subi la Loi
Ils ont pour eux le nombre
176
Ce poème est à la noix
D'autres sont à la pistache
Je m'en goinfre la moustache
J'arrose ça de jaja
Mais ils sentent très fort
Leur odeur dit tout bas
Qu'on leur a fait du tort
Ils attendent le roi
Et l'Eustache dans l'ombre
Ils ont subi la Loi
Ils ont pour eux le nombre
176
Ce poème est à la noix
D'autres sont à la pistache
Je m'en goinfre la moustache
J'arrose ça de jaja
Ce qui compte c'est la joie
Peu importe ce qu'on mâche
Qu'importe ce que l'on boit
Même du rouge qui tache
Quand le rouge n'est plus là
La tache elle ne part pas
Il faut la frotter deux fois
Ou la repeindre à la gouache
Il vaut mieux fumer du hasch
Ou priser de la coca
Ça nous mène à la cravache
Ou nous rend tout chocolat
Peu importe ce qu'on mâche
Qu'importe ce que l'on boit
Même du rouge qui tache
Quand le rouge n'est plus là
La tache elle ne part pas
Il faut la frotter deux fois
Ou la repeindre à la gouache
Il vaut mieux fumer du hasch
Ou priser de la coca
Ça nous mène à la cravache
Ou nous rend tout chocolat
Mais c'est moins nocif la vache
Ce poème est à la noix
D'autres sont à la pistache
Certains sont trempés dans quoi ?
Dans l'eau d'un fleuve grenache
Où les poissons sont les rois
L'hameçon si tu le lâches
Ils s'en gavent le carquois
Ce poème est à la noix
D'autres sont à la pistache
Certains sont trempés dans quoi ?
Dans l'eau d'un fleuve grenache
Où les poissons sont les rois
L'hameçon si tu le lâches
Ils s'en gavent le carquois
Et décochent en apaches
Des traits fins du bout des doigts
Qui se logent dans ta bâche
Et te percent l'estomac
Des traits fins du bout des doigts
Qui se logent dans ta bâche
Et te percent l'estomac
Ce poème est à la noix
D'autres sont à la guimauve
Les plus endurants sont chauves
On leur a coupé les doigts
D'autres sont à la guimauve
Les plus endurants sont chauves
On leur a coupé les doigts
Les plus malins dans l'acôve
Se font sucer le chinois
Se font sucer le chinois
177
Pique à l'aspic
Au rouet vache
Rouge qui fâche
Pique à l'absinthe
Et sous la plinthe
On voit les taches
Au rouet vache
Rouge qui fâche
Pique à l'absinthe
Et sous la plinthe
On voit les taches
178
La grand salle sanglante
A des portes de viande
Et le trône est en pente
La château est en cendres
La princesse est Cassandre
Le fou la voit et bande
La grand salle sanglante
A des portes de viande
Et le trône est en pente
La château est en cendres
La princesse est Cassandre
Le fou la voit et bande
L'entraîne dans les douves
Et lui fait des enfants
Avec des yeux tous blancs
Elle nourrit d'humus
Ou fait comme la louve
Allaitant Romulus
Et lui fait des enfants
Avec des yeux tous blancs
Elle nourrit d'humus
Ou fait comme la louve
Allaitant Romulus
Mais les grands enfants pâles
Un jour trouvent le roi
Le piquent sur le pal
Un jour trouvent le roi
Le piquent sur le pal
C'est la loi mes chéris
Celles des monarchies
Car le trône est en viande
La couronne en boyau
Le sceptre un os à moelle
Et Dieu un pot-au-feu
Celles des monarchies
Car le trône est en viande
La couronne en boyau
Le sceptre un os à moelle
Et Dieu un pot-au-feu
179
Dieu est contrepéteur
Et nos noms sont absurdes
Il faut changer
Et nos noms sont absurdes
Il faut changer
Dieu est contrefacteur
Et nous ne sommes pas
Ce que l'on croit
Dieu est artefacteur
Nous sommes figurines
Dans sa vitrine
Et nous ne sommes pas
Ce que l'on croit
Dieu est artefacteur
Nous sommes figurines
Dans sa vitrine
180
C'est un bonhomme en bois
Qui remue dans les bois
A fait vœu de silence
Pas de pot :
Qui remue dans les bois
A fait vœu de silence
Pas de pot :
Il fait du brouhaha
Tintant à chaque pas
La forêt de faïence
Fait écho
Tintant à chaque pas
La forêt de faïence
Fait écho
181
C'est un bonhomme en quoi ?
Pain d'épice à la noix
Ou de sucre de choix
Ou pain de vers à bois
C'est un bonhomme en quoi ?
Pain d'épice à la noix
Ou de sucre de choix
Ou pain de vers à bois
Pour connaître la clef
Remontons à la clef
Son histoire passée
Son berceau est caché
Remontons à la clef
Son histoire passée
Son berceau est caché
C'est un bonhomme en quoi ?
Pain de glace tout froid
Coup de poing fait de doigts
Noués dans le carquois
Pain de glace tout froid
Coup de poing fait de doigts
Noués dans le carquois
Pour connaître la clef
Dévissons à la clef
Le boulon trop serré
Son secret est rouillé
Dévissons à la clef
Le boulon trop serré
Son secret est rouillé
C'est un bonhomme en quoi ?
Pain de crème ou de lait
Pain de viande gelé
Ou pain de dents de lait ?
Pain de crème ou de lait
Pain de viande gelé
Ou pain de dents de lait ?
182
Je fouille dans l'époisse
Et dégage des poisses
Un plein sachet de doigts
Et dégage des poisses
Un plein sachet de doigts
Que faire de ces doigts ?
Et les mettre dans quoi ?
L'étui est dégueulasse
Je le secoue trois fois
La première ils me brûlent
La première ils me brûlent
La deuxième l'annule
La troisième je lâche
Un à un se détachent
Mon moignon est sans tache
Un à un se détachent
Mon moignon est sans tache
183
Qu'on débouche la flasque !
La capsule est un masque
La capsule est un masque
Qu'on démasque d'un pop
Qu'on déterre la taupe !
La calotte est un casque
Qu'on débusque le Pope !
184
Les poésies sont de sanglants cornets
Qu'on secoue patiemment comme on peigne un toupet
Qu'on secoue patiemment comme on peigne un toupet
Et qui débordent souvent de regrets
Tombant comme cheveux sur le sol du barbier
Tombant comme cheveux sur le sol du barbier
Parfois le cornet accouche d'un dé
Celui-ci affiche toujours le chiffre 6
Alors sans doute quelqu'un a triché
Le coiffeur a sorti son bâton de police
Alors sans doute quelqu'un a triché
Le coiffeur a sorti son couteau de boucher
Celui-ci affiche toujours le chiffre 6
Alors sans doute quelqu'un a triché
Le coiffeur a sorti son bâton de police
Alors sans doute quelqu'un a triché
Le coiffeur a sorti son couteau de boucher
185
Le mal est incarné
Comme l'ongle ou le nez
L'un grattant l'autre croûte
Quitte à le désosser
Le mal est incarné
Comme l'ongle ou le nez
L'un grattant l'autre croûte
Quitte à le désosser
Quand on casse la croûte
Le pain prend sa valeur
Et dévoile sa fleur
Qui dormait sous la voûte
Le pain prend sa valeur
Et dévoile sa fleur
Qui dormait sous la voûte
186
Rappelle-toi comme on riait
Maintenant on n'a plus le choix
On n'a plus de nez pour sentir
Et plus de cul pour rebondir
Maintenant on n'a plus le choix
On n'a plus de nez pour sentir
Et plus de cul pour rebondir
Rappelle-toi dis quelque chose
Et ne m'envoie pas sur les roses
Et ne m'envoie pas sur les roses
Je n'ai pas les mots pour le dire
Et la tige a perdu sa rose
Et la tige a perdu sa rose
Rappelle-toi comme on riait
Maintenant on compte ses doigts
Il n'en manque pas plus que ça
187
Maintenant on compte ses doigts
Il n'en manque pas plus que ça
187
Je compte avec le temps
Et lui presse les doigts
Il s'appuie sur mes dents
Et me fait mal aux noix
Echange de services
Entre le temps qui plisse
Et l'homme qui se gomme
à la gomme qui glisse
Je compte avec le temps
C'est compter sans les doigts
A ce régime là
On compte pour du vent
Et lui presse les doigts
Il s'appuie sur mes dents
Et me fait mal aux noix
Echange de services
Entre le temps qui plisse
Et l'homme qui se gomme
à la gomme qui glisse
Je compte avec le temps
C'est compter sans les doigts
A ce régime là
On compte pour du vent