vendredi 9 septembre 2016

CHAINE DE MONTAGE DE POESIE MECANIQUE


100

Ce fut l'abordage :
A ce beau rivage
J'arrimai ma coque
Sautai sur le quai
Taillé dans le roc
Et plantai drapeau
Ma pelle et mon seau
Ma brosse à cirage
Et mes godillots

Puis vint le naufrage
Sous le sable toc
J'enfouis mon visage
Déchirai mes loques
Sur les rochers cons
Et perdis le nord
Le sol et plafond
L'air de la chanson

101

Quand je dis bonsoir
Le ciel devient noir

Quand je dis coucou
Le sol devient mou
Si je dis pourquoi
La nuit tombera

102

Sous le ciel à bavoir
Bavent des louches pâles
Dont la salive étale
Le cœur sur le miroir

Sous le ciel arrosoir
Volent des mouches sales
Dont l’œil est un tiroir
Et le tiroir ovale

103

Bonjour monsieur Plat
Monsieur Mou Monsieur Tas
Monsieur Lourd Monsieur Gras
Monsieur Rutabaga

104

Je n'ai pas le temps
Je compte mes dents

Je n'ai pas le choix
Je compte les fois

Je n'ai pas l'envie
Je compte ma vie

105

Mets la sourdine
A ton ballon
Dans la bassine
Fous les lardons

Noie les poissons
Dans la piscine
Sous la glycine
Gonfle un melon

Chauffe laiton
Grillent sardines
Plus nous n'irons
A la cantine

106

L'étoile à ton fronton
Était un saucisson
Ton cerveau était plat
En fait un cervelas
Et à ton frontispice
Pendait une saucisse

107

Sans son sceptre le roi perd
Toute considération
Sans son spectre la mort perd
Son pouvoir de séduction

108

Ton œil est un hublot
Ta paupière l'encoche
Et tes lèvres sacoches
Pendent à ton museau

Ton œil est une cloche
Et ton regard est moche
Ta bouteille au goulot
Refoule du costaud

Tes cheveux sont des leurres
Ses boucles sont les leurs
Et ta pendule meurt
De ne pas donner l'heure

109

Plus dure l'encolure
Plus tassé le baudet
Plus stylées les panures
Que les sabots palmés
Peu à l'aise le pied
Quand à lui la chaussure
Est trouvée
Plus à l'aise le pied
Quand de lui la chaussure
Est trouée

110

La fièvre perle à ton ourlet
Comme à la lèvre le parler
Compte tes blancs moutons
La pieuvre étrangle tes ciseaux
Et te découpe les morceaux
Sur le pont d'Avignon

111

Messire a des taches
Sur son édredon
Madame moustache
Et poil au menton

Valet qui se cache
Curé au bourdon
Palefrenier mâche
Un peu de houblon

Tableau médiéval
Tête avec des poils
Et chapeau perdu
Au château cul nu

112

J'ai longtemps cru que
Nul ne pouvait ne
Savoir ce qui se
Qu'à des parce que

113

A doigt de curé une alliance
Au cou du pape le nœud pap
Et les bijoux à la potence
Si Dieu veut nous lâcher la grappe

A cou d'esclave une tenaille
A plastron de flic la médaille
Et les bijoux en transhumance
Si Dieu veut nous toucher la France

A taille de guêpe la corde
Et son nœud complet qui concorde
Et les bijoux qui brinquebalent
Quand Dieu veut nous passer la balle

114

Monsieur Dulumbago a un frère jumeau
Monsieur Rutabaga a un frère siamois
Mais madame Arrosoir n'a qu'un pauvre miroir

Monsieur De Sans-souci a son propre sosie
Le docteur Alambic son double maléfique
Mais madame Solo cherche en vain son écho

115

Rabougri de la fesse
Mais musclé du scrotum
Voici le bibendum

Nourri au lait d'ânesse
Mais sevré dès l'accouche
Voici le scaramouche

Tous ces masques de plâtre
Au sourire trop lisse
Se croyant au théâtre
Meurent dans les coulisses

116

J'aurais préféré la plus rouge
Mais j'ai hérité de la mauve
En vérité ce qui la sauve
C'est son petit picot qui bouge
Ce qui la rend bien plus maniable
Aérodynamique en diable

117

N'en jetez plus
La coupe est pleine

Tout est foutu
La course est vaine

Et la fontaine
Ne coule plus

Dans la citerne
Tout a fondu

118

Dans la caverne molle
Grenouille dans la colle
Un monsieur Tournesol

Il parle en paraboles
Mais sa cervelle est folle
Il est en camisole

Et ses phrases décollent
En fines fumerolles
Qui font une auréole

Brillant sous la coupole
Juste au-dessus du sol
De la caverne molle

Où distille l'alcool
Du cerveau de traviole
Du monsieur Tournesol

119

Duquel jaillira le pastel
Panache à l'eau de javel
Où les couleurs se desserrent
Comme des serres

Auquel débouchera lequel
Dont les couleurs sont séquelles
Après fromage qu'on sert
Sans dessert

120

Le jour du grand départ
On perd la mémoire
On se retrouve au point
De départ

Le jour du grand murmure
On ne fait qu'arriver
On se retrouve au pied
Du mur

Le jour du grand pourquoi
On se demande pas
On se retrouve tout
Au bout

121

Il faut
Se coucher Pluto
Mettre les points sur
Daisy
Faire la part des choses
Minnie
Mickey

122

Le vent souffle
A l'étroit
Dans les moufles
Les doigts

Le vent bouffe
La laine
Sur le dos
Quelle haleine
De chameau

Le vent souffre
Ne meurt pas
Et le soufre
Ne sent pas

123

La nuit tombe
Sur les tombes
Qui dit mieux ?

C'est l'orage
Qui au fond
Met en nage
L'horizon

124

Si l'on se sent plus vieux
C'est que rien ne renaît
Et que tout est pluvieux
Appelez-moi René

125

Car la pluie
Est comptable
De ce qui
Nous accable

126

Jamais je ne serai
Ce que tu aurais dit
Que personne l'eût cru
Ma parole on dirait

128

Le nuage était noir
Et la pluie des punaises
Un lampadaire en glaise
Fondait dans le brouillard

C'était la nuit qui pèse
Et la lune au placard
La chanson, qu'on la taise !
les mots, suppositoires !

Pourquoi je déambule
Et pourquoi ce malaise ?
Pourquoi les noctambules
Chantent la Marseillaise ?

Brume de bière à l'aise
Je me presse au comptoir
Le barman est obèse
Son zinc est un parloir

Le crachin était noir
Et la lune hypothèse
Le barman dit bonsoir
J'ai filé à l'anglaise


L'avenue était noire
Les voitures balèzes
Et leurs phares, prothèses
Rouillaient dans le brouillard

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